Volcan en éruption

Comme tous les risques naturels, le risque volcanique résulte du croisement entre un aléa (le phénomène naturel) et la présence d’un enjeu plus ou moins vulnérable (populations, infrastructures, activités économiques, etc.) dans une zone potentiellement menacée par l'aléa.

Le risque volcanique est un risque naturel majeur, à cause de la violence des aléas, des difficultés à prévoir les éruptions, et de l’accroissement constaté de la population et/ou des équipements à proximité immédiate des volcans.

Les éruptions volcaniques sont des phénomènes très singuliers : alors qu’un séisme ne dure que quelques minutes, un cyclone quelques jours, certaines éruptions volcaniques peuvent durer des années et impacter de manière durable un territoire. Les volcans sont en outre capables de produire des aléas très différents et susceptibles de changer brusquement en fonction du type d'édifice et/ou d'éruptions.

Les périodes de repos plus ou moins longues entre deux éruptions (parfois de plusieurs siècles) empêchent parfois le développement d’une culture du risque adéquate.

Le risque volcanique est ainsi propre à un édifice donné, et varie dans le temps et dans l’espace : chaque volcan est donc spécifique.

Exposition du territoire au risque

Malgré les apparences, le territoire français n’est pas à l’abri du risque volcanique.

Il peut être exposé à trois types de menaces principales :

  1. une menace directe et actuelle en Outre-mer, qui compte actuellement au moins quatre volcans actifs : Le Piton de la Fournaise à La Réunion, la Montagne Pelée en Martinique, La Soufrière de Guadeloupe et le volcan sous-marin de Mayotte ;
  2. une menace latente sur les parties du Territoire possédant des volcans ayant probablement eu une activité récente et/ou considérés comme en sommeil (ou « endormis ») : la Polynésie, les Terres Australes et Antarctiques Françaises et l’Auvergne ;
  3. une menace distante, provenant de volcans situés à l’étranger mais pouvant avoir des impacts sur l’ensemble du territoire national (métropolitain ou en Outre-Mer).

 

Contextes géologiques favorables

Contenu

Certains contextes géologiques sont particulièrement favorables au volcanisme :

  • les zones de subduction, qui correspondent aux zones où les plaques tectoniques s’affrontent et où l’une d’entre elles s’enfonce sous l’autre. Ce volcanisme se situe ainsi aux frontières entre deux plaques (exemple : Ceinture de Feu du Pacifique, Antilles) ;
  • les zones de point chaud, qui correspondent à l’expression en surface de grands panaches mantelliques (profonds), globalement considérés fixes par rapport aux mouvements des plaques tectoniques. Ce volcanisme se situe donc au cœur des plaques, et forme généralement une trace volcanique matérialisant le déplacement de la plaque au-dessus du point chaud (exemple : Hawaï, Ile de La Réunion) ;
  • les zones d’extension intra-plaques, qui correspondent aux endroits où la croûte terrestre est étirée par les contraintes tectoniques (phénomène de rifting), permettant parfois le développement d’une activité volcanique (exemples : Rift Est Africain, Auvergne, Mayotte ?).

Ligne de failles des plaques tectoniques. © Adostock - Mopic

Ces contextes géologiques et géographiques très différents se traduisent par des volcans aux comportements variés, mais aussi à une forte hétérogénéité des enjeux et de leur vulnérabilité.

 

Le Piton de la Fournaise (La Réunion)

Contenu

Le Piton de la Fournaise est sous la surveillance de L'Observatoire Volcanologique du Piton de La Fournaise (OVPF), station de l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP).

Pour en savoir plus, consultez le site de l'OVPF.

 

La Soufrière de Guadeloupe

Contenu

La Soufrière de Guadeloupe est sous la surveillance de L'Observatoire Volcanologique et Sismologique de la Guadeloupe (OVSG), station de l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP).

Pour en savoir plus, consultez le site de l'OVSG.

 

La Montagne Pelée (Martinique)

Contenu

La Montagne Pelée est sous la surveillance de L'Observatoire Volcanologique et Sismologique de la Martinique (OVSM), station de l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP).

Pour en savoir plus, consultez le site de l'OVSM.

 

Mayotte

Contenu

L’île de Mayotte est située au sein de l’archipel des Comores, dans le canal du Mozambique, entre le continent Africain et Madagascar.

Il s’agit d’une île entièrement volcanique (à l’exception de sa barrière de corail) qui repose sur le plancher océanique par près de 3 500 mètres de fond :

  • Grande-Terre, la plus grande île de Mayotte est principalement constituée de laves basaltiques anciennes fortement altérées au sein desquelles apparaissent çà et là des massifs phonolitiques (tel que l’emblématique Mont Choungui dans le sud de l’île). Grande Terre se serait formée au cours des 10 derniers millions d’années par l’activité plus ou moins synchrone de plusieurs édifices volcaniques : les volcans-boucliers du Sud et du Nord, puis les massifs du Digo et du Mtsapéré et enfin l’activité ponctuelle des alentours de Mamoudzou (ex : les maars de Kawéni et Kavani) datée aux alentours de 150 000 ans ;
  • Petite-Terre est quant à elle principalement constituée de dépôts cendreux, de brèches et de tuffs pyroclastiques qui recouvrent de petits cônes de scories stromboliens. Ces dépôts fragmentés proviennent d’une activité phréato-magmatique explosive de type "maar" provoquée par la rencontre entre de la lave et des poches d’eau superficielles lors de la remontée du magma vers la surface. Des carottages menés dans le lagon ont montré l’existence de dépôts de ponces datés à environ 7 000 ans, qui correspondent probablement à l’activité du Dziani Dzaha, le maar le mieux conservé et sans doute le plus récent de Petite-Terre.

Une crise sismo-volcanique a débuté en 2018 à Mayotte, où un essaim de séismes localisé à une cinquantaine de kilomètres à l’Est de l’île a été enregistré à partir du mois de mai.

Mardi 15 mai à 18h48 heure locale, la plus forte secousse jamais enregistrée dans la zone des Comores a été détectée : elle a atteint une magnitude 5.8 et a été très largement ressentie sur toute l’île de Mayotte ainsi que dans d’autres îles des Comores.

Afin de répondre aux inquiétudes des autorités et des mahorais, des opérations d’observation et de recherche, menées par plusieurs établissements et laboratoires de recherche français (IPGP/CNRS/BRGM/IFREMER/IPGS) ont mené à la découverte lors d’une campagne en mer d’un nouveau volcan sous-marin de 5 km de diamètre et de plus 800 m de hauteur, situé par 3 500 m de fond à 50 km au large de Mayotte. Un panache volcanique sous-marin de près de 2 km de hauteur sortait du sommet de ce relief.

Campagne océanographique à Mayotte pour étudier le nouveau volcan sous-marin découvert en mai 2019. © BRGM - A. Lemoine

Depuis juin 2019, ce volcan fait l’objet d’une surveillance étroite via le REseau de surveillance VOlcanologique et SIsmologique de Mayotte (REVOSIMA), dont les bulletins réguliers peuvent y être consultés.

 

La zone Pacifique

Contenu

La Polynésie française est formée d’un grand nombre d’archipels et de chapelets d’îles dispersées dans le Pacifique, pour la plupart d’origine volcaniques et formées par l’activité de points chauds.

Le nombre exact de points chauds et le fonctionnement détaillé des différents alignements volcaniques est encore débattu.

Ile volcanique avec récif-barrière encadré par 2 petits îlots coralliens (motu). Au premier plan, piton basaltique (Te Ramu Ura, +206m), résultant d'un volcanisme de point-chaud (Ile de Maupiti, Iles Sous-le-Vent, archipel de la Société, Polynésie française, 2012). © BRGM - K.M. Nay

Certaines îles de la Polynésie française présentent toutes les caractéristiques de volcans récents, notamment l’île de Mehetia, qui est la partie émergée d’un relief volcanique qui repose par 4 200 m de fond. Mehetia possède en effet une morphologie typique d’un volcan récent (des pentes importantes, peu érodées et peu altérées) et un cratère sommital bien visible. L’absence de végétation par endroits et la discontinuité du récif corallien frangeant trahissent son jeune âge. Certaines légendes polynésiennes font de plus état de grands feux vus sur cette île, ce qui pourrait suggérer que les dernières éruptions ont eu lieu dans une période plus ou moins récente. Une crise sismique datant de 1981 laisse même penser qu'une activité sous-marine pourrait avoir eu lieu à proximité immédiate de l'île.

En dehors de Mehetia d’autres édifices sous-marins, connus avec plus ou moins de précision, peuvent être considérés comme potentiellement actifs et/ou ayant connu des éruptions récentes (d'après le Gobal Volcanism Program) :

  • le Te ahi ti’a, le plus proche de Tahiti (40 km) dont le sommet se trouve à ~1750 m de profondeur ;
  • le Rocard (~2000 m de profondeur) ;
  • le Mou’a piha’a (~160 m de profondeur seulement).

D’autres volcans sous-marins, situés dans la ZEE de Wallis et Futuna semblent aussi présenter des signes évidents d’activité récente, comme par exemple le Volcan Kulo Lasi découvert en 2010 par 1 200 m de fond au cours de la campagne Futuna de l’IFREMER.

Les principaux aléas étant ici :

  • la génération de tsunami volcanogénique, pouvant toucher des îles habitées, même si la source est une île inhabitée ou un volcan sous-marin ;
  • la possible perte de portance des navires circulant à l’aplomb d’un panache volcanique sous-marin : la présence de grande quantité de bulles et de gaz volcanique pouvant en effet diminuant fortement et brutalement la densité de l’eau de mer (allant potentiellement jusqu'à provoquer des naufrages) ;
  • la génération de « radeaux de ponces », résultant d’éruptions ayant lieu au niveau du plancher océanique, parfois par plusieurs kilomètres de fond. Ils sont composés de roches très vésiculées (les "pierres ponces") possédant une densité très faible (inférieure à 1) qui leur permet de flotter à la surface de l’eau et de s’étaler sur de grandes superficies. Ces radeaux de ponces sont corrosifs et peuvent perturber la navigation maritime sur des centaines de kilomètres. Ils peuvent généralement être suivis par imagerie satellitaire.

 

Les Terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF)

Contenu

Les TAAF sont composées d’un nombre important d’îles, dont la plupart sont d’origine volcanique. L’archipel des Kerguelen, dont l’île principale qui a une superficie comparable à la Corse, en rassemble une bonne partie.

Les Kerguelen résultent d’un magmatisme mixte généré conjointement par un point chaud et par l’activité d’une ride océanique. La majeure partie du volcanisme des Kerguelen semble être ancien mais des édifices ont été datés à seulement 26 000 ans. De plus, des indices de terrain (dépôts de lahars récents, niveau cendreux, morphologies de certaines coulées de lave, et présence de fumerolles) semblent indiquer qu’un volcanisme récent a probablement eu lieu sur l’île, et que de futures éruptions sont ainsi sans doute possibles.

Un nombre assez important de reliefs volcaniques possèdent en outre des caractéristiques qui permettent de penser qu’ils ont été le siège d’une activité volcanique « récente », notamment :

  • l’île de Saint Paul (dernière éruption probable en 1793) ;
  • l’île d’Amsterdam ;
  • l’île de l’Est dans l’archipel de Crozet ;
  • l’île de la Possession, à l’ouest de l’île de l’Est dans l’archipel de Crozet ;
  • l’île aux Cochons.

Même en l’absence d’éruption, les reliefs volcaniques escarpés des Kerguelen ou de certaines îles des TAAF peuvent se déstabiliser et engendrer des tsunamis capables par exemple d’impacter l’Australie. Ce risque a été pris en compte et modélisé par le service géologique australien (Geosciences Australia).

 

Volcans étrangers

Contenu

Certaines éruptions de volcans situés à l’étranger peuvent avoir des impacts sur le territoire national, qui est alors exposé aux aléas touchant des zones distantes (tels que les cendres et gaz émis dans l’atmosphère ou les tsunamis).

La métropole est située à une relative "proximité" (< 2 000 km) de volcans actifs, localisés notamment :

  • en Italie (ex : Vésuve, Champs Phlégréens, Etna, îles Eoliennes) ;
  • en Islande (ex : Hekla, Katla, Grimsvotn, Eyjafjallajökull) ;
  • aux Açores, Portugal (ex : Pico, Fayal) ;
  • aux Canaries, Espagne (ex : Teide) ;
  • en Grèce (ex : Santorin).

Ces édifices sont pour certains capables de produire de fortes éruptions et/ou de grandes quantités de cendres, dont la trajectoire précise dépendra des vents dominants.

Ce fut par exemple le cas en 2010 lors de l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull : des cendres fines produites par une importante activité phréato-magmatique explosive ont été transportées par les vents sur une grande partie de l’Europe de l’Ouest. Le trafic aérien y a alors été fortement perturbé.

Panache de fumée généré par le volcan Eyjafjöll lors de son éruption de 2010 (Islande, 2010). © BRGM - S. Le Roy

En ce qui concerne l’aviation civile, les nuages de cendres sont surveillés par les VAACs (Volcanic Ash Advisory Centers) de l’OIAC (Organisation Internationale de l’Aviation Civile). Le VAAC en charge de l’espace aérien couvrant la France métropolitaine (ainsi qu'une grande partie de l'Eurasie et l'Afrique) est basé à Toulouse, et est géré par Météo France.

De la même manière que la métropole, les DROMs peuvent potentiellement être impactés par des volcans situés à l’étranger, notamment :

  • des volcans antillais voisins de la Martinique et de la Guadeloupe, tels que ceux de Soufrière Hills à Monserrat (comme ça a été le cas à plusieurs reprises depuis 1995 avec des épisodes de retombés de cendres et des tsunamis), de la Soufrière St Vincent, ou de la Dominique. Près de 20 volcans sont considérés comme actifs dans les Petites Antilles, dont une petite dizaine a connu une activité volcanique depuis 1635 ;
  • des volcans d’Amérique centrale et/ou latine pour la Guyane et les Antilles ;
  • du volcan actif du Karthala (Union des Comores) pour Mayotte ;
  • des volcans du Vanuatu, des Fidji, voire de la Nouvelle-Zélande pour la zone Pacifique.

En plus des panaches de cendres produits lors d’éruptions volcaniques évoqués plus haut, des glissements de terrain ou des effondrements de flancs d’îles volcaniques peuvent provoquer des tsunamis, même hors période éruptive, qui sont capables de toucher l’ensemble des littoraux français en fonction du lieu où est généré le tsunami (Atlantique, Méditerranée, Caraïbes, Pacifique, etc.).

Enfin, la survenue d’une éruption de très grande ampleur, associée à l’émission d’une grande quantité de cendres et de gaz dans la haute atmosphère, pourrait potentiellement avoir des conséquences sur le climat global de la planète (forçage volcanique), aux effets contrastés selon que l’éruption ait lieu dans l’hémisphère Nord ou l’hémisphère Sud.