Volcan en éruption

Comme tous les risques naturels, le risque volcanique résulte du croisement entre un aléa (le phénomène naturel) et la présence d’un enjeu plus ou moins vulnérable (populations, infrastructures, activités économiques, etc.) dans une zone potentiellement menacée par l'aléa.

Le risque volcanique est un risque naturel majeur, à cause de la violence des aléas, des difficultés à prévoir les éruptions, et de l’accroissement constaté de la population et/ou des équipements à proximité immédiate des volcans.

Les éruptions volcaniques sont des phénomènes très singuliers : alors qu’un séisme ne dure que quelques minutes, un cyclone quelques jours, certaines éruptions volcaniques peuvent durer des années et impacter de manière durable un territoire. Les volcans sont en outre capables de produire des aléas très différents et susceptibles de changer brusquement en fonction du type d'édifice et/ou d'éruptions.

Les périodes de repos plus ou moins longues entre deux éruptions (parfois de plusieurs siècles) empêchent parfois le développement d’une culture du risque adéquate.

Le risque volcanique est ainsi propre à un édifice donné, et varie dans le temps et dans l’espace : chaque volcan est donc spécifique.

Spécificités du risque volcanique

Les volcans sont des objets géologiques aux comportements hétérogènes : ils présentent tous des spécificités, qui font du risque volcanique un risque naturel à part.

Par exemple :

  • certains volcans n’entreront pas en éruption à l’échelle d’une vie humaine tandis que d’autres peuvent connaître plusieurs éruptions par an ;
  • certaines éruptions peuvent être brèves (quelques jours à semaines) tandis que d’autres peuvent durer des décennies ;
  • au cours d’une même éruption, certains aléas ne sont une menace qu’à proximité immédiate du volcan, tandis que d’autres peuvent avoir des répercussions à l’échelle d’un pays entier (voire à l’échelle d’un continent) ;
  • au cours d’une même éruption, différents aléas peuvent se produire (voire se succéder) à des intensités qui peuvent subitement varier de manière importante.

Le risque volcanique est ainsi spécifique à un volcan donné, et il varie dans le temps et dans l’espace.

 

Les volcans

Les volcans se forment lorsque du magma (un mélange de roches en fusion -la lave-, de gaz et d’éléments solides) est émis à la surface de la Terre. On parle alors d’éruption volcanique.

La plupart des volcans forment des reliefs généralement coniques, plus ou moins pentus, qui se construisent par accumulation successive de lave et/ou de matériel bréchique autour du point de sortie principal.

Les volcans peuvent être terrestres ou sous-marins et leur répartition à la surface du globe n’est pas aléatoire : elle est régie par le principe général de la tectonique des plaques et des points chauds.

Stratovolcans et volcans boucliers

Lorsque cette accumulation de matériel volcanique se fait progressivement, au cours de nombreuses éruptions successives sur une longue période de temps, on parle alors de :

  • stratovolcans, lorsque les coulées de lave alternent avec l'émission de grandes quantités de brèches et de roches pyroclastiques, comme par exemple à la Montagne Pelée, à la Soufrière de Guadeloupe, au Sancy ou dans le Cantal ;

Dôme de la Soufrière (Guadeloupe, 2012). © BRGM - M. Le Roy

  • volcans-boucliers, lorsque les coulées de lave fluide forment la majeure partie du volcan, comme par exemple au Piton de la Fournaise.

Le piton de la Fournaise et le Formica Leo, (Réunion, 2009). © BRGM - F. Michel

Les stratovolcans et les volcans-boucliers ainsi créés sont des édifices de très grande taille.

Edifices monogéniques

Lorsque l'accumulation de lave et/ou de matériel pyroclastique se fait au cours d’une seule éruption, sur une période de temps relativement courte, on parle alors d’édifices monogéniques (littéralement « créés en une fois », comme par exemple les volcans de la Chaîne des Puys en Auvergne). Ces derniers peuvent prendre la forme de cônes de scories, de dômes, voire de cratères de maar (quelquefois remplis d’eau).

Le Puy de Côme -au premier plan- et le Puy de Dôme -en arrière plan- (Puy-de-Dôme, 1997). © BRGM - F. Michel

 

Fréquence éruptive

Entre deux éruptions, les volcans peuvent connaitre des périodes de repos plus ou moins longues, qui varient en fonction du contexte géologique et du type d’édifice. Cette alternance (parfois cyclique) entre période de repos et période d’activité est appelée fréquence éruptive.

Cette fréquence éruptive se calcule souvent à des échelles des temps très différentes de celles de nos sociétés : une centaine d’années symbolise l’intégralité d’une vie humaine mais ne représente généralement que très peu de temps dans l’histoire d’un volcan (ou d'une province volcanique).

Des périodes de repos importantes entre deux éruptions ont tendance à altérer le souvenir collectif d’un évènement ancien, ce qui limite souvent la prise de conscience de la menace par les populations, et rend ainsi plus difficile le développement d’une culture du risque adaptée. A l'inverse, une activité volcanique régulière oblige les populations à apprendre à vivre avec le volcan.

Il est globalement accepté dans la communauté scientifique que :

  • un volcan est considéré comme actif s’il possède une éruption historique documentée ;
  • un volcan est dit en sommeil si sa dernière éruption a eu lieu il y a moins de 10 000 ans ;
  • un volcan est considéré comme éteint si sa dernière éruption a eu lieu il y a plus de 10 000 ans.

D'après le Global Volcanism Program (Smithsonian Institution), près de 1500 volcans sont considérés comme actifs à la surface de la Terre, et 40 à 50 éruptions ont lieu chaque année.

Eruption volcanique du Piton de la Fournaise (La Réunion, mai 2015). © BRGM - S. Bès de Berc

Le saviez-vous ?

  • La fréquence des éruptions est très élevée sur les volcans de point chaud comme le Piton de la Fournaise à La Réunion : une moyenne d’une éruption tous les sept mois y a été calculée par les scientifiques de l'OVPF sur ces 40 dernières années.

  • La fréquence des éruptions est en revanche beaucoup plus faible sur les volcans de subduction antillais (de l’ordre du siècle à quelques siècles).

  • L’une des éruptions les plus violentes du XXème siècle a eu lieu en 1991 sur le volcan Pinatubo au Philippines, qui était considéré comme éteint dans les années 1980. Les études scientifiques ultérieures ont montré que le volcan n'était en fait seulement qu'en sommeil, et ce depuis près de 600 ans !

 

Durée des éruptions

La durée des éruptions (ou des phases éruptives) est très variable : de quelques heures pour les évènements les plus brefs à plusieurs dizaines d’années (voire siècles) pour les éruptions les plus longues.

Les volcans sont donc capables, à la différence d’autres risques naturels, d’impacter très durablement un territoire et de créer des conditions où la situation de « crise » peut perdurer des mois, voire des années.

Le saviez-vous ?
  • L’éruption du volcan de la Soufrière Hills de Montserrat (une île des Antilles située à proximité de la Guadeloupe) a débuté en Juillet 1995 et est toujours en cours de nos jours. Cette activité volcanique a eu entre autre pour conséquence l’abandon pur et simple de l’ancienne capitale de l’île (Plymouth), aujourd’hui en ruine.

  • Le volcan Stromboli (situé en Italie, dans les Iles Eoliennes) est en éruption continue depuis au moins 86 ans : les explosions se succèdent à un rythme plus ou moins régulier en fonction de l’activité et sont entrecoupées de phases de calme relatif. Au Stromboli, il ne faut donc pas confondre « éruption » et « explosion ».

Le cône du Stromboli (Italie, 1995). © BRGM - F. Michel

 

Etendue des aléas

Les éruptions volcaniques produisent des phénomènes naturels (aléas) très différents en fonction du type de volcan concerné, de son comportement et de son contexte géographique.

Certains de ces aléas ne vont impacter « que » les zones situées à proximité immédiate (quelques kilomètres à dizaines de kilomètres) du volcan (ex : les coulées de lave) et ont ainsi une extension limitée (ce qui ne les empêche pas d’être associées à un risque fort).

D’autres aléas représentent au contraire une menace pour des régions beaucoup plus vastes et/ou éloignées. Il s’agit notamment des aérosols et des cendres volcaniques injectées dans l’atmosphère au cours des éruptions et qui, dispersées par les vents dominants, sont capables de voyager sur des centaines (voire des milliers) de kilomètres.

Les cartes d'aléas volcaniques sont ainsi des documents qui présentent la plupart du temps une synthèse des zones potentiellement impactées par les différents aléas en cas d'éruption (coulées de lave, coulées pyroclastiques, retombées aériennes, etc.), généralement en suivant un code couleur explicite.

Le saviez-vous ?
  • La majorité du magma émis sur Terre chaque année se fait sans présenter le moindre risque : il sort en effet sous l’eau au cœur des océans, par plusieurs milliers de mètres de fond, le long des dorsales médio-océaniques.

  • Une éruption, pourtant « modérée », du volcan islandais Eyjafjallajökull en 2010 a entraîné la formation d’un important panache de cendres qui a paralysé une grande partie de l’espace aérien de l’Europe de l’Ouest. La "taille" (ou magnitude) de l'éruption n'est donc pas directement corrélée au risque associé.

Panache de cendres généré par le volcan Eyjafjallajökull lors de son éruption de 2010. (Islande, 2010). © BRGM - S. Le Roy